Un petit point. Il reste moins d'une semaine avant les élections européennes et l'écart entre la liste de la majorité emmenée par Valérie Hayer et celle du PS-Place publique conduite par Raphaël Glucksmann est mince. Dans le baromètre OpinionWay - Vae Solis pour «Les Echos» et Radio Classique, la liste emmenée par l'élue mayennaise reste stable à 15%, tandis que celle du cofondateur de Place publique progresse de 1point et atteint 14%.
Après avoir atteint 9points en mars, cet écart a fondu au fil des semaines en raison principalement de l'érosion de la liste portée par Renaissance et ses alliés. La progression de Raphaël Glucksmann n'atteignant que 3points sur cette même période.
Bataille pour la deuxième place
«Pour la liste de Valérie Hayer, cela a été une dégradation continue . Cela peut apparaître logique pour un parti au pouvoir, mais il faut noter aussi que la majorité n'a pas été capable de poser ses enjeux et ses thématiques. La campagne 'Besoin d'Europe' s'est retrouvée à contre-courant au moment où les Français sont sceptiques sur l'Europe», analyse Bruno Jeanbart, le vice-président d'OpinionWay. A cela s'ajoute l'usure du pouvoir sept ans après l'élection d'Emmanuel Macron.
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Pour la deuxième place, la bataille s'annonce rude entre les listes de Valérie Hayer et Raphaël Glucksmann. La première détient aujourd'hui un léger avantage et compte sur l'implication croissante des deux têtes de l'exécutif pour remobiliser son électorat.
Depuis la semaine dernière, Gabriel Attal est omniprésent dans les médias. Après plusieurs tentatives infructueuses, comme son discours sur l'Europe en avril dernier, Emmanuel Macron (re)descend lui aussi dans l'arène : ce jeudi, en marge des commémorations du 80eanniversaire du Débarquement en Normandie, le président de la République sera l'invité de TF1 et France2 à 20heures, à la grande colère des oppositions .
Bardella en dynamique
Raphaël Glucksmann peut espérer un vote utile à gauche, notamment en provenance des électeurs écologistes, mais sa dynamique, forte en début de campagne, s'est tassée au fil des semaines. Les très fortes divisions au sein de la gauche -le candidat a été la cible régulière des autres listes de l'ancienne Nupes- et son incapacité à récupérer massivement l'électorat de centre gauche déçu par Emmanuel Macron ont joué.
La grande gagnante de cette fin de campagne est la liste du Rassemblement national, emmenée par Jordan Bardella. Non seulement elle a progressé tout au long de la campagne, passant de 27% en mars à 33% aujourd'hui, mais à une petite semaine du scrutin, elle se retrouve avec 83% de personnes interrogées «sûres de leur choix». Aucune liste ne fait mieux.
Le président du RN a fait une campagne sans prendre de risques , surfant sur des thèmes nationaux et mettant en avant un référendum pour ou contre l'exécutif et la première étape de la conquête du pouvoir par Marine LePen en2027. Ses contre-performances comme son débat raté face au Premier ministre, Gabriel Attal , n'ont eu aucune incidence. «Le RN réussit à capitaliser et à récupérer le mécontentement du moment. Il a été le seul parti à connaître une progression régulière qui, de plus, ne s'est pas démentie à la fin», souligne Bruno Jeanbart.
Derrière les trois premières listes, rien n'est encore joué. «Il faut rappeler qu'il y a souvent des gros mouvements dans la dernière semaine de campagne. Les surprises sont inévitables car un tiers des électeurs n'ont pas fait leur choix», prévient Bruno Jeanbart. En2019, la liste écologiste portée par Yannick Jadot avait connu un coup d'accélérateur dans les derniers jours pour terminer à 13,5% des voix.
Comme anticipé par les sondeurs, l'intérêt des Français pour la campagne se réveille au dernier moment: il est passé de 55% à 59% en une semaine. La progression est de 7points en deux semaines.
Les petites listes à la peine
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Tout reste possible pour les listes qui arriveront à mobiliser les électeurs indécis . «C'est l'incertitude à tous les niveaux sauf pour le RN», estime Bruno Jeanbart. Derrière les trois premières, les petites listes sont à la peine: La France insoumise (6%), Les Républicains (7%) et Reconquête(6%) perdent 1point tandis que Les Ecologistes restent stables, mais à un niveau très faible (5%). Toutes les quatre n'ont pas réussi à percer pendant la campagne, cernées par le duel installé entre la liste de la majorité et celle duRN.
Seul Raphaël Glucksmann a réussi à tirer son épingle du jeu mais sa percée est fragile puisque seulement 53% de ses électeurs potentiels se déclarent certains de leur choix.
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